Dramaturgie de l’insolite dans l’œuvre théâtrale d’Eugène Ionesco

Abstract

Le théâtre de l’avant-garde représenté essentiellement par Eugène Ionesco, Samuel Beckett, Nathalie Sarraute et Jean-Luc Lagarce a ébranlé les préceptes de l’écriture dramaturgique classique fondée sur l’univocité et la transparence et véhiculant un sens compositionnel interprétable en usant des normes langagières conventionnellement admises. Le nouveau théâtre ou théâtre de l’absurde a créé un univers étrange où évoluent des personnages dont les échanges interactionnels s’apparentent au radotage et au verbiage des névrosés. En effet, l’architecture scénique chaotique, le langage désarticulé et l’incohérence généralisée ont façonné une phraséologie sui generis qui rompt avec la dramaturgie coutumière en donnant à l’œuvre théâtrale un aspect insolite. Le lecteur-spectateur se trouve alors dans l’incapacité de mettre en œuvre des processus inferentiels et interprétatifs afin construire un sens pour des répliques dépourvues de sens. La nouvelle théâtralité qui cultive constamment les bizarreries rime avec le constat de l’absurdité et de la vulnérabilité de la condition humaine suite à l’expérience amère et destructrice de la guerre